Plus loin, au-dessus de la tête de l'aventurier, un bruissement se fait entendre dans la pénombre. Puis deux fentes d'un jaune brillant apparaissent dans le noir. Une créature de la nuit se réveille, dérangée par le cheminement de l'aventureux guerrier.

Elle baille et déploie ses ailes pour les désengourdir avant de prendre son envol...

La chauve-souris est déjà loin à présent, mais le lieu regorge d'autres inquiétantes créatures, ne laissant jamais l'aventurier seul très longtemps. Un peu plus loin, alors que l'étroit couloir commence enfin à s'élargir, s'ouvrant sur la première salle du donjon,  un autre adversaire se dresse déjà face au combattant téméraire.

Il est furieux que l'on vienne encore troubler son repos, et il est prêt à en découdre.

Prends garde jeune aventurier ! Défends ta vie avec force et courage !...

Aventurier, vous êtes passé, mais vous êtes loin d'en avoir fini...

Au fond du long tunnel apparaît un point rougeâtre grandissant. Quelque chose avance... Les pas de la créature venant à votre rencontre vous font distinguer à présent un gobelin à l'air patibulaire tenant une torche dans sa main gauche, et une épée rouillée dans la main droite. Peu habillé, et n'étant pas équipé d'une armure, il porte une sorte de toge de toile de jute. Un pourpoint grossier en cuir et un casque à moitié éventré sont ses seules protections.

Il a un temps d'hésitation en vous apercevant, et finalement, il s'élance vers vous épée droit devant lui en poussant un cri de guerre, identique à un jappement aiguë. De toute évidence, il 'est pas amical et a décidé de vous le montrer...

La malchance se joue de moi. Alors que je fais à peine quelques pas, un cri de guerre me sort de ma torpeur et j'aperçois un point lumineux et rougeoyant se ruer vers moi, s'agrandissant à à chaque seconde. Au bout de la flamme, un bâton, puis un bras, puis un gobelin très énervé, puis un autre bras, puis une épée rouillée. Je sors une flèche à nouveau et bande mon arc dans sa direction, espérant l'arrêter en pleine course.

Mais une fois encore, cette mine me prouve à quel point elle me déteste, car cette fois c'est ma corde qui lâche et me voilà à nouveau désarmé, et je balance mon arc inutilisable d'un geste de rage... Heureusement, il me reste mon épée. Bien que je sois moins habile avec cette dernière, je me suis suffisamment entraîné pour pouvoir me défendre. Je me mets à hurler à mon tour dans sa direction tenant mon arme à deux mains, prêt à parer son attaque primaire.

"Viens par là, tu ne me fais pas peur ! Je t'attends, et tu vas goûter à l'acier elfique !"

Le gobelin a un moment d'hésitation et ralentit quand il voit votre arc et votre flèche s'armer dans vos mains, mais la seconde suivante, la corde de votre arme cassée et la rendant inutilisable, le gobelin reprend sa course en hurlant de plus belle. Le message est clair : il veut votre peau.

Vous voyez très clairement ses yeux remplis de haine se rapprocher de vous, et lorgner un endroit précis de votre anatomie : votre cou. C'est là qu'il va frapper. Son glaive rouillé se lève et s'abat sur vous, ciblant votre point vital...

L'immonde créature se jette sur moi son arme rouillée pointée vers la gorge. Heureusement ma fidèle épée est ma barrière face à la mort. En mettant en pratique mes longues séances d'entraînement, et avec une précision millimètrée, je parviens à éviter son attaque et en me servant du poids de mon corps, et des mes pieds plantés dans sol, je repousse l'assaillant en déviant sa lame. La suite tient des meilleurs cascades des films de cape et d'épée. Une fois l'ennemi repoussé, nos deux armes en contact, crissant sous la force de l'impact, j'accompagne l'esquive en faisant rouler le gobelin sur mon dos, et en retournant la lame dans ma main, je lui plante l'épée pile entre les côtes.

J'entends un craquement suivi de gargouillis lugubres. Je sens avec horreur son sang chaud, puant, jaillir de sa poitrine et couler le long de mon coude, de mon bras, et de ma main, la rendant poisseuse. Je sens tout son poids d'un coup sur mon dos, et son immobilité m'indique aussitôt que la vie quitte son corps.

Presqu'aussitôt, le corps semble s'alléger et s'évanouit dans une sorte de brume scintillante. Lorsque j'étais de l'autre côté de l'écran, je n'avais aucune idée de comment pouvait être ressentie la mort dans le jeu. Je me rends compte aujourd'hui que c'est très perturbant de voir que la morte virtuelle est assez similaire à celle que nous connaissons dans le réel, à ceci près que là-bas, on ne se relève pas...

Je reprends quelques minutes pour me remettre de mes émotions, avant de continuer à avancer vers la fin du donjon, et de son boss. Ma poitrine se serre. Une chose est sûr, je refuse d'être tué, même si c'est pour renaître au sanctuaire.

Votre ennemi tombe à vos pieds et répend son sang puant sur le sol. Bravo, vous avez réussi un coup de maître et vous pouvez savourez votre petite victoire, le temps de finir le chemin qui vous amène jusqu'au boss final. Après avoir essuyé le plus gros du liquide visqueux sur votre équipement, vous avancez avec prudence, en vous enfonçant encore un peu plus vers le fond de la mine.

Votre chemin s'écarte sur une grande salle, où trainent encore des outils servant à la l'extraction des pierres, les ossements des mineurs qui ont péri ici, et des sacs remplis de pierres de quartz brillant et de minerais d'argent. Vous apercevez également des marches taillées dans la pierre et menant à une plate-forme. C'est là que se concentrent le butin minéral, entassé dans des tonneaux ou des seaux. Au milieu d'eux, le nouveau maître des lieux Croc-Düll est là, veillant jalousement sur son trésor...

Comment allez vous vous y prendre maintenant ?

Une fois remis de mon dernier combat, et le corps de l'ennemi évaporé, je ramasse les quelques objets qui sont tombés de lui, et les place dans mon inventaire. J'hésite un moment à réparer mon arc de suite, ayant toujours quelques cordes sur moi, mais je décide finalement de continuer sans, je commence vraiment à fatiguer, et je n'ai qu'un envie : en finir au plus vite.

Je reprends donc le couloir calcaire, avec le plus de précaution possible et déboule finalement sur la dernière salle, celle du boss. D'ailleurs il est là, penché au dessus de sacs remplis de pierres précieuses et de minerai argenté. Puisqu'il ne me regarde pas encore, je vais tenter de le contourner pour le prendre par surprise, en comptant sur la discrétion bien connue des elfes.

Sauf que je n'en suis pas vraiment un d'elfe, et mes grands pieds finissent par se prendre dans un enchevêtrement d'outils de mine entassés, que j'essayais justement d'enjamber. La tête du boss se tourne vers moi dans un grognement de colère, et il ramasse son bâton de chamane avec l'intention évidente de s'en servir contre moi.

"Allez ma vaillante épée, à nous de jouer !"

Alors que vous faites tout pour vous rapprochez, vous raccrochez quelques objets posés par terre, et dévoilez votre position et vos intentions. Le boss n'est pas dupe et sait parfaitement que vous en voulez à son trésor. Puisqu'il vous a remarqué et que vous avez pitoyablement manqué votre arrivée furtive, c'est lui qui lance le premier assaut.

Son bâton de sorcier à la main, il incante quelques mots magiques de sa voix de crécelles érayées, et abat son arme dans votre direction. Une fumée d'un gris argenté opaque se dissipe et vous voyez avec horreur, une vingtaine de rats noirs foncer vers vous, tous crocs dehors. Vous n'avez pas le temps d'esquiver et les centaines de petites dents et griffes acérés, viennent se planter dans votre chaire.
 

Alors celle-là je ne l'ai pas vu venir, pourtant je le sais que ce boss a une attaque "à la pute", pour avoir déjà fait ce donjon plus d'une fois, mais je me suis laissé distraire. Et la sentence est immédiate... Je reçois de plein fouet la vague de de rats noirs et puants qui se jettent sur moi et me déchire de toutes leurs saloperies de petites dents. La douleur est aussi fulgurante qu'intense, et m'arrache un cri de douleur. Heureusement pour moi, la horde de rats s'évapore aussitôt, me laissant là avec des petits trous sanguinolents. Lui là-bas, il va morfler...

Mon arc est hors d'usage en l'état, mais je peux encore tenter quelque chose de là où je suis. Et je lance le sort qui me permet de le transformer en arbalète. Aussitôt le bois se distant et prend la forme désirée. Je profite du temps de la transformation pour ajuster mon tir et viser. A peine l'arme entièrement modifiée, le double tir part et vient se planter, pile dans la poitrine du gobelin maléfique.

"Prends ça espèce de vieille chouette moisie !"

Quelle visée ! Quelle précision ! Quelle chance ! L'aventurier a pu transformer son arme abîmée en une autre, et ajuster son tir à la perfection. Les 2 flèches viennent directement se planter dans le torse du chamane, qui recule sous l'impacte, en couinant de douleur. Sa main sur sa poitrine, ne cache malheureusement pas les blessures d'où s'écoule son sang visqueux.

Il tente une nouvelle incantation en grognant, mais celle-ci ne se déclenche pas, et le sort ne permet donc pas au gobelin de se protéger d'avantage. Apeuré, il essaie de reculer et cherche un abri du regard, ou du moins un rempart naturel entre l'archer et lui.

Il est en position de faiblesse, et c'est le moment idéal pour tenter d'ne finir une bonne fois pour toute.