J'avais retrouvé Saprobion.

Dans une sorte de coïncidence étrange, l'un combattant l'autre, lors d'un tournoi d'ou j'étais ressortie victorieuse. Cette soudaine renommé m'avait vite épuisée et j'avais proposé au lycan de s'enfuir de la grande ville pour repartir à l'aventure ... comme avant.

J'avais crains son refus mais le guerrier avait accepté, et après avoir préparer notre départ,  nous étions partis pour le Royaume Kazanien.

J'avais retrouvé Heimdall et Asphodèle, les présentant à Saprobion. Mon Drapillon , vive et curieuse petite créature volante avait tournoyé autour du Lycan un bon moment avant de le laisser en paix mais Heimdall continuait à se montrer fort protecteur envers moi, percevant le côté canin de Saprobion , montrant parfois les crocs quand le guerrier était trop proche de moi.

Mais à force d'habitude  (et que je le gronde quand il allait trop loin), mon tigrin finit par accepter le lycan , restant certes sur ces gardes mais ne grognait plus en sa présence.

Pendant le voyage, nous retrouvions peu à peu nos habitudes. Je continuais mon entrainement du matin, mes exercices d'endurances pour mes ailes et ceux pour Heimdall. Plus qu'une simple monture, j'avais à cœur de m'aider du tigrin lors de combat. Loyale, fort et agile, Heimdall apprenait vit mais ne devait pas oublier qui était l'alpha de nous deux.

Nous arrivâmes rapidement devant notre destination : La mine abandonnée.

- Nous voilà enfin arrivé ! Dis-je en soupirant, flattant le museau d'Heimdall. Prêt ?

Dis-je à Saprobion, me tournant vers lui avec un sourire.

Le Lycan , depuis que nous avions pris la route ensemble avait été bougon et silencieux.
J'avais compris peu après que le guerrier pouvait se sentir mal à l'aise face à Heimdall. Même si je ne comptais nullement me séparer du tigrin, j'avais essayé ( parfois plus ou moins bien) à ne pas laisser au lycan le sentiment d'être de "trop".

Je craignais de n'avoir pas réussi à chaque instant et espérais que le donjon que nous allions faire ensemble apaiserait ces craintes surtout car Heimdall et Asphodèle ne rentreraient pas dans les mines avec nous.

Descendant du dos du tigrin, je flattais l'animal et lui signifiait qu'il ne continuerait pas avec nous. Le fidèle  animal n'aurait pas supporter d'être enfermé sous terre et Asphodèle était déjà entrain de chercher une fleur à butiner.

- Veille sur Asphodèle ... ne le laisse pas trop s'éloigner.

Le tigrin émit un doux grognement affirmatif et m'offrant une dernière lechouille sur la main, s'éloigna pour se coucher non loin de là.

Il était temps d'y aller.

Allumant une torche, je m'approchais de Saprobion.

- Bon ... et bien ... Allons-y !

Pénétrant dans le long couloir rocheux, je sentais que l'air devenait plus frais et que la lumière baissait au fur et à mesure que nous avancions.

L'air devenait plus frais au fur et à mesure de nos pas et le seul bruit qui se faisait entendre était le claquement de nos pas. Pesant et tendu ... Des ressentis qui émanaient de Saprobion et de moi alors qu'aucun de nous deux ne pouvaient parler.

Finalement le lycan fut le premier à parler

– Ton chaton ne m’aime pas… Et moi non plus je ne l’aime pas… On ne va pas s’entendre, c’est certain…

Je retins un soupir fatigué. Les hommes pouvaient être tellement catégoriques .... Malgré tous mes efforts, le guerrier restait obtus sur son ressenti envers le tigrin.

Passant une main dans ma chevelure pour me laisser quelques secondes de répit, j'inspirais doucement et longuement, calmant des sentiments trop négatifs qui ne feraient que mettre le feu au poudre entre Saprobion et moi.

Tournant mon regard vers lui, je souriais, ayant retrouvé patience et compassion.

- Je me doute bien que ce n'est pas évident entre vous deux et qu'il faudra du temps pour que chacun apprivoise l'autre mais je suis sûre que vous pourrez y arriver.

Vu que de toute façon, je ne comptais pas me séparer de l'un au profit de l'autre, il était clair que la question n'était pas sujet à débat.

- Heimdall finira bien par t'accepter , je ne lui laisse pas le choix !

Mon petit rire rebondit sur la roche sombre pour atténuer un peu la sonorité autoritaire de ma précédente phrase.

-  Peut-être devriez vous essayer de .... je sais pas faire quelque chose ensemble ...? Chasser ? Les tigrins sont bons chasseurs .... et malgré vos différences, je pense que vous avez chacun à apprendre de l'autre ... On commencerait par chasser tous les 3 puis ... juste vous deux ... faire quelque chose avec l'autre vous permettrait de vous faire confiance, de vous accepter.

Je tentais de proposer une solution qui aiderait ces deux gros sauvages à s'approcher et à enfin se faire confiance.

Saprobion me demanda aussi l'histoire de mon Drapillon.

- Asphodèle ? Je l'ai acheté à un vendeur ambulant ... Le petit bonhomme était tout excité dans sa cage , ça m'a fendu le coeur ... Je me disais qu'il serait mieux à l'air libre et surtout que j'ai un joli petit jardin derrière ma maison . J'avais pensé qu'il y resterait mais il était plutôt motivé à me suivre ... du coup. Voilà !

Et j'aimais les avoir avec moi. Deux présences qui ne me jugeaient jamais , me suivaient, m'aidaient.

Essayant de le faire parler, je me tournais vers Saprobion tout en continuant d'avancer des ces mines lugubres.

- Et  toi , tu n'as jamais eu envie d'un familier ? Ou d'un compagnon ?

Saprobion et moi avions bien réussi à nous entendre alors qu'au début, il voulait me tuer. Par son ... éducation, il était plus proche des démons que des lycans et moi, en tant qu'ange, me positionnait bien comme son ennemie naturel.
Pourtant, aujourd'hui nous en étions totalement à l'opposée de ce qu'un lycan formé par une démone et une ange devait avoir comme relation ....

C'est pourquoi, j'étais confiante quand au fait qu'il parviendrait à supporter Heimdall même si lui semblait en douter très fortement, me regardant avec de grands yeux confus.

Sûre de moi, je restais ferme sur mon avis et  ne m'attardant pas d'avantage, expliqua rapidement la rencontre avec Asphodèle avant de moi-même jouer les enquêtrices sur Saprobion.

Ma question semblait le surprendre presque le ... vexer.

– Non, je n’ai jamais eu envie d’une quelconque créature à mes côtés…

Rien d'étonnant pour ce grand solitaire mais triste quand même.

Il ajouta néanmoins qu'il y avait bien une personne qu'il désirait : Une femme à la chevelure dorée, dotée d'une paire d'aile.

Je tournais mon regard vers lui , un petit sourire en coin sur les lèvres.

Il continua en décrivant la "compagne" avec quelques adjectifs tantôt taquins, tantôt flatteurs et je finis par pouffer de rire , flattée et heureuse de retrouver un peu de notre complicité ... Cela me manquait énormément.

- Et bien ... je suis sur que cette femme à aile doit penser tout autant de bien de toi ... Un beau lycan amusant, grand et fort aussi doué dans l'art du combat que dans l'art ... du "sport en chambre" ... [Mes joues gagnèrent une légère rougeur dû aux images de nos nuits tumultueuses qui me revenaient en mémoire] Et si en plus c'est une tête de mule, vous êtes fait pour vous entendre alors !!

Je lui tirais la langue comme une enfant pour l'embêter, hilare.
Mais mon rire mourut sur mes lèvres quand je vis que quelque chose venait de s'enrouler autour de la cheville du Lycan, le tirant vers une gueule sombre et béante ... une plante abyssale affamée, prête à le dévorer.

Je réagis immédiatement,  lâchant ma torche pour m’emparer de mon bâton et lancer vers la plante mon sort "foudre liquide" Mais ma torche, en tombant au sol s'éteignit et seule la torche de Saprobion éclairait les lieux d'une faible lueur. La panique et le soucis de lumière ne m'aida pas à bien viser et je ratais complètement ma cible , énervée avant de tendre la main vers le guerrier pour le retenir et l'empêcher de finir au fond de l'estomac de la plante.