Le terrain ne nous est définitivement pas favorable, et je me sens aussi à mon aise qu'un cachalot échoué sur une plage. C'est dans ces moments là que je regrette de n'avoir pas mis plus de points de compétences en agilité, et d'avoir choisi de jouer un tank en armure complète, plutôt qu'un assassin avec une des atours de cuir.

Je cherche encore mon compagnon d'infortune des yeux, espérant qu'il est encore en un seul morceau, sans parvenir totalement à le localiser. Et alors que je tente une nouvelle fois d'attirer l'attention du monstre, et surtout de permettre à Saprobion de s'approcher au plus près d'elle pour la frapper, Je sens cette gigantesque claque parcourir le métal de mon armure, et se propager douloureusement dans mon corps. La violence du choc est telle que je crois m'évanouir un instant à ma vue qui se trouble et s'assombrit. J'ai le souffle coupé, et éprouve soudainement une grande difficulté à inspirer, d'ailleurs l'air qui a de la peine à entrer dans mes bronches, émet une sorte de sifflement que je n'avais encore jamais entendu, et qui n'est pas naturel j'en suis sûr.

Je me retrouve sur le dos, comme une tortue, et je n'ai même pas la force de de me débattre pour me relever. Je sens de nouveau cette souffrance très vive, et quelque chose de chaud se diffuse au niveau de mes côtes. Serait-ce du sang ?

La bête vient immédiatement me meugler juste au dessus de ma tête, et un long filet de bave puant me tombe sur le visage. Je parviens à secouer assez la tête pour dégager le liquide visqueux, pour apercevoir Sapro un peu plus loin, mais il a l'air en aussi mauvaise posture que moi. Je vais donc devoir ne compter que sur moi-même pour le moment. Dans la confusion de la mêlée, je profite que la bête soit sur Saprobion, pour essayer de rouler en serrant les dents dans le buisson d'où j'étais sorti juste avant. J'essaie de bouger, mais mon flanc me fait atrocement souffrir, j'ai la certitude maintenant que j'ai une ou plusieurs côtes cassées, Sur mon bras la barre de ma vie est descendue de plusieurs crans.

"Et merde... Allez mon vieux Ryan, tu ne vas pas crever comme un clodo dans la bouse quand même ? Relèves toi, du nerf !"

Essayant de tenir le coup encore un peu, je me serre de mes bras pour ramper à l'abri. Je faufile ma main sous le col de ma cuirasse pour tenter d'attraper le cordon que j'ai autour du cou, et surtout atteindre les petites flasques qui contiennent mes potions de santé. Avec énormément de mal, je réussis à extirper mon collier artisanal et débouche un premier flacon que j'avale cul-sec.

La chaleur m'envahit aussitôt et je ressens le bienfait du breuvage me soigner un peu, mais c'est loin d'être suffisant... Je retire le bouchon d'une deuxième flasque et l'ingurgite à la suite. En me demandant si Sapro tient le coup de son côté. Activant ma messagerie à son intention, pour l'informer de mon état.

"Toujours vivant ? Je suis blessé et essaie de me soigner, as-tu des potions en rab au cas où ?"

L'animal a beau avoir une armure naturelle épaisse et particulièrement résistante, le deux-jambes qui venait de lui ficher sa lame dans la tête avait de la force,  et son élan lui avait donné assez de force pour ne pas rater son coup. La gueule béante commença à se déchirer dans une giclée de sang, sous une hurlement de douleur du mastodonte. Et plus l'animal se débattait pour échapper à la lame logée dans sa nuque, plus la déchirure s'agrandissait.

Le géant d'écailles fit un mouvement vers l'arrière, comme surpris par la témérité de ce qui était normalement une proie. Ses autres têtes tentèrent de happer le petit homme au passage, mais la méfiance de l'animal se fit ressentir.

Croyez bien qu'elle ne fuira pas pas, mais qu'elle reculait pour mieux revenir à la charge...

J'ai beau savoir qu'on ne meure pas vraiment dans le "jeu" et que quoi qu'il arrive nous ressuscitons au sanctuaire, je ne pensais pas que les douleurs des blessures elles, étaient bien réelles. Et me voilà vautré dans la moiteur visqueuse, essayant tant bien que mal de survivre à l'attaque que le monstre vient de m'assener avec une violente facilité. Pendant que je vide une, puis deux potions de soins, et attends que le breuvage fasse son effet, je suis des yeux l'autre aventurier, qui a l'air de se débrouiller un peu mieux que moi.

Il est en vie, il n'a pas l'air blessé, et par dessus tout, il parvient enfin à porter un coup à l'animal en furie. Je me doute bien que ce ne sera pas suffisant pour la tuer, mais je savoure la petite victoire de mon compagnon. Emporté par mon élan de joie, et mon envie de tenter une boule de feu vers le cou de l'hydre, je me redresse en levant le poing, chose qui relance aussitôt la douleur à mon flanc, et je m'écroule à nouveau sur le dos, haletant de souffrance.

"Ouaiii-AÏE !!! Donnes moi encore quelques secondes... "

Je porte une nouvelle fois ma main contre ma poitrine pour en sortir une troisième fiole et l'avale cul-sec. Il me semblait pourtant que les potions étaient bien plus efficaces et rapides quand j'étais derrière mon écran. Je crois bien que le guerrier va devoir encore composer un petit peu sans moi, le temps que je retrouve toute mon énergie, et que la potion referme ma blessure. Je n'ose pas toucher mes côtes meurtries, mais il me semble que le sang s'est arrêté de couler, c'est déjà pas si mal.

Je tourne la tête pour ne rien perdre du combat acharné qui se joue sans moi, et je suis frustré de ne rien pouvoir faire pour le moment. Je regarde une nouvelle fois la lame du combattant baignant dans le sang de l'hydre, et vois que malgré l'attaque puissante du gladiateur, la tête est toujours accrochée à son cou. Il va vite falloir trouver une faille pour espérer gagner face au monstre, mais est-ce qu'une hydre en a seulement une ? Peut-être qu'en chauffant suffisamment nos lames, les coups trancheraient plus nets, ou iraient plus profondément dans la chair ? Ma cervelle régit aussitôt et se met à bouillonner.

"Ca se tente..."

Je rassemble à la hâte quelques bouts de bois, des feuilles, des herbes sèches, et tout ce qui tombe à ma portée de potentiellement inflammable. J'y jetterai jusqu'à ma chemise et mon caleçon si je le pouvais. Je pose le tout sur une roche assez plate, et lance une boule de feu sur le foyer improvisé, pourvu qu'il soit assez gros et résistant pour supporter l'humidité du marais. Je plonge alors la lame de mon sabre, en son coeur. Les flammes montent rapidement et crépitent, je souffle dessus pour les attiser, comme si j'allais faire un barbecue. Il n'y a plus qu'à attendre que l'acier chauffe.

"Tiens le coup camarade, je crois que j'ai une idée ! Tiens toi prêt à attraper mon sabre quand je te le dirai..."

Au moment propice, il faudra être prêt, réactif, et précis, car vu la situation, je ne pense pas qu'elle nous laisser une deuxième chance.

Comment l'insecte que représente Saprobion face au gigantisme de la bête, a pu causer une telle blessure à l'hydre ? C'est en tous cas ce que semble se demander le saurien qui recule sa seconde lourde tête le plus possible de l'humain. Son souffle se mêle au cri de douleur et emplit l'air du marais de sa longue plainte.

L'animal est terrorisé et secoue impuissant, sa tête endommagée au-dessus du valeureux guerrier, l'inondant au passage de sang visqueux. Un immonde gargouillis se fait entendre dans la gueule du monstre, signe évident d'une hémorragie interne.

Si les deux guerriers veulent enfin prendre le dessus, c'est le moment !

Ma blessure continue à me faire souffrir, même si les potions que j'ai prises commence à faire de l'effet, et qu'elles referment mes chairs, la douleur physique est bel et bien là. Le moindre de mes mouvements m'arrachent un grognement de douleur. Heureusement que je peux compter sur le fier guerrier pour accaparer l'attention du monstre, le temps de me soigner. C'est en voyant les dégâts qu'il vient de causer à l'hydre que me vient une idée. C'est peut-être risqué et complètement stupide, mais une voix au fond de moi, me dit que cela peut marcher.

Si la tête tombe, il ne faut absolument pas lui laisser le temps de repousser, et je ne vois qu'une seule option possible, cautériser au plus vite les chairs avant qu'elles ne commencent à se régénérer. Je mets immédiatement mon plan à exécution, et entreprend de faire un petit brasier pour y plonger la lame de mon sabre. Une fois que la lame commence à rougir sous l'effet de la chaleur, je la sors du brasier et crie en direction de mon co-équipier pour attirer son attention.

Lorsque je vois qu'il est prêt à recevoir mon arme, je me redresse et lui lance de toutes mes forces mon sabre rougeoyant, en espérant avoir suffisamment bien visé pour qu'il ne le loupe pas.

"Attrape ça Sapro ! Et DECAPITE MOI CETTE PUTAIN DE SALOPERIE !"

Tout comme lui, je suis la course du sabre s'envolant dans les airs, en retenant mon souffle jusqu'à ce qu'il atteigne son objectif, et je ne peux retenir un cri de joie en le voyant poing levé, arme au poing.

"Tranche dans le vif ! Ca va rentrer comme dans du beurre !"

Si seulement, ce pouvait être enfin le début de la chance qui tourne en notre faveur ! J'avale une dernière dose de potion, et me revoilà à nouveau sur pied, armé de mon seul bouclier, et je rejoins mon compagnon d'infortune dans la mêlée.

Le gigantesque saurien venait de perdre une manche de la bataille, et une de ses têtes qui alla rouler dans la vase nauséabonde du marais, ajoutant un peu plus de puanteur au décor. Les deux autres têtes se reculèrent dans un odieux ballet désorganisé, et la Bête gronda de rage et de douleur à la fois. Ses énormes pattes écailleuses martelaient le sol, manquant plusieurs fois d'écraser le valeureux guerrier d'ébène.

Le long corps visqueux vacilla un instant, avant de fléchir et de s'écrouler.

Saprobion en profita pour souffler un moment, mais il devait malheureusement écourter sa pause. L'animal était blessé, mais pas entièrement vaincu. Et un animal blessé et encore plus dangereux... Il valait mieux récidiver au plus vite, car les deux autres mâchoires pleine de crocs allaient revenir à la charge.

La dernière dose de potion avalée, je sens que j'ai recouvré presque toutes mes forces. Le liquide réchauffe mon corps et lave mon esprit de tout son trouble. Je revois clair et j'admire ! Là-bas, Saprobion vient de trancher enfin la première tête de la monstruosité, et elle vient rouler dans la vase, sa large gueule encore écumante de bave, et les yeux exhorbités. La chance nous aurait-elle enfin rejoint ?

Cette vision fait ressortir en moi, tout ce qu'elle peut contenir de bisounours, et je courrai bien jusqu'à mon géant pour lui sauter dans les bras, et le couvrir de bisous. Hum... Je n'en ferai rien, ou du moins pas encore, car il reste encore quatre mâchoires à faire tomber de leur cou. Je me contente donc pour le moment d'un cri de joie, et me rue vers le guerrier et sa proie.

"Et de une !"

La bête a chu, elle gronde de colère et de douleur, mais elle est encore en vie. Je n'ai pas envie de lui laisser le temps de s'en remettre, et je veux profiter qu'elle est sonnée pour la délester d'une autre de ses têtes. Voyant que Saprobion est encore tout engourdi par l'attaque et la tâche qu'il vient d'accomplir, je me précipite vers lui et lui arrache presque mon épée de sa main. La lame est encore suffisamment brûlante pour que ça marche.

"A mon tour de jouer !"

Bouclier en avant, je maintiens la tête la plus à ma portée au sol en appuyant de tout mon poids, et mon autre poing levé, j'abats la sentence sur le cou de l'animal, en poussant un long cri de rage. La lame à vif fend les écailles et la chair, fait craquer les os de la colonne vertébrale, Je suis obligé de pousser avec mes jambes pour donner encore plus de poids. Mon bras me fait mal, mon corps entier tremble sous l'effort. Je redoute que cela ne soit plus suffisant, mais il est hors de question que je flanche. J'essaie de visualiser notre victoire pour me donner du courage, et je m'accroche à cela pour tenir bon. Et quelques secondes plus tard, la deuxième tête se détache enfin, dans un soubresaut de la Bête.

Je suis épuisé...

Le monstre a bien lutté mais la perte de sa première gueule l'a affaibli bien plus que nos deux héros auraient pu l'imaginer. Ses mugissements furieux font maintenant place a des cris stridents, des sifflements plaintifs, et dans ses yeux plus aucune trace de colère mais de la peur... La bête est prête à abdiquer et à rebrousser chemin, pour retrouver la sécurité de son marais. Mais il est déjà trop tard et son destin est malheureusement scellé.

Dans un effort ultime, le templier Ryan se rue sur le deuxième cou encore debout et abat sa lourde lame brûlante sur le cou du saurien. Dépourvu du seul cerveau qui lui restait, le corps immense du monstre s'écroule sur lui-même et se dissipe lentement comme on soufflerait sur un monticule de sable brillant de mille feux...

A la place de la forme écailleuse s'élève maintenant un joli tas de talons d'or, ainsi que divers objets précieux, et surtout deux grosses pierres brillantes d'un vert profond, enfermant des restes figés dans le temps de l'Hydre.

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HJ :

Félicitations chers aventuriers, vous venez de terminer la quête de "La Chasse à l'Hydre" avec succès. Voici le total des récompenses que vous avez obtenu :

1000 TO chacun pour avoir terminé la quête + 15 TO pour avoir fini le RP + 15 TO pour la mort du Tigre, soit un total de 1030 TO chacun + 1 jet de dés de réussite + l'Ambre Verte pour avoir tué l'Hydre.

Vous pouvez décider de garder l'Ambre Verte, qui comptera comme un trophée pour tenter de remplir votre galerie personnelle (1000 TO à la clé si tu les réunis tous), ou le revendre directement au Musée des curiosités pour 400 TO.